Deux troupeaux de brebis en montagne Deux troupeaux de brebis en montagne
Le Gaec La Cazette valorise des prairies et des parcours en produisant une gamme de fromages ainsi que des agneaux.
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Pour arriver jusqu’au Gaec La Cazette, il faut monter une petite route en lacets au-dessus de Corsavy, dans les Pyrénées-Orientales. Après avoir traversé une zone boisée, le mas apparaît, accroché à la pente. Les prairies, les parcours et l’estive s’étagent entre 800 et 2 000 m d’altitude. « En 1989, quand nous avons acheté cette ferme avec ma femme Christa, j’avais déjà des brebis allaitantes et elle des brebis laitières. Nous avons gardé les deux troupeaux car ils se complétaient », raconte Antoine Chrysostome.
Les allaitantes agnellent à contre-saison, de mi-octobre jusqu’à fin décembre. « L’herbe d’automne, plus équilibrée que celle du printemps, soutient la lactation des brebis. De ce fait, nous avons moins d’aliments à distribuer aux agneaux », note l’éleveur. Ceux-ci, finis en bergerie, sont commercialisés en janvier et février sous la marque collective « El Xai, l’agneau en catalan ».
Les laitières agnellent début mars. La traite dure jusqu’à fin août, ce qui permet d’avoir des fromages à vendre de mi-avril à fin octobre. « Ces brebis pâturent tout l’été autour de la ferme, alors que les allaitantes montent en estive de juin à octobre. Nous utilisons ainsi au mieux les différents étages de la montagne », souligne Antoine. Les ressources restent malgré tout extensives. « Nous devons acheter du foin, de la paille et de l’aliment », note-t-il.
Élargir la gamme
En 2012, leurs deux filles, Orphée et Siska, se sont installées en Gaec avec eux. « Pour sortir deux revenus supplémentaires, nous sommes passés de 350 à 420 allaitantes et de 110 à 140 laitières, tout en diversifiant la gamme de fromages et en améliorant la valeur ajoutée avec des produits frais », détaille Orphée. La tomme, mise au point par leur mère, reste le produit phare de la ferme. « Après nous être formées à d’autres fabrications, nous avons ajouté un fromage à pâte molle et un autre de style feta. Puis nous avons relancé la fabrication de yaourts », précise-t-elle
Avec ces nouveaux produits, les deux sœurs ont élargi la clientèle des marchés. « Il y a de la demande en yaourts. Nous en produisons plus de 10 000 par saison. L’an dernier, nous avons aussi proposé du fromage blanc. Les débuts ont été timides, mais lorsque nous l’avons servi à la louche dans des contenants apportés par nos clients, les ventes ont décollé », constate Siska.
Aujourd’hui, le Gaec ne compte plus que trois associés. A 66 ans, Antoine commence à envisager la retraite et ne travaille plus qu’à mi-temps. « En 2019, nous avons investi dans trois tapis d’alimentation pour alléger le travail en bergerie », note Orphée. « Et cet hiver, nous nous sommes équipés d’une chambre froide pour les pâtes molles. Le travail en cave sera ainsi mieux organisé », ajoute Siska.
Une bonne clientèle
Pour compléter l’équipe, les trois associés ont embauché une apprentie, et ils vont prendre un salarié à temps partiel pour la saison. « En avril, je redémarre la vente sur les marchés et, à partir de juin, j’en enchaîne cinq par semaine. Il faut du renfort à la ferme ! », justifie Orphée. Les deux sœurs font également une foire par mois. « Nous réalisons 50 % des ventes sur les marchés et les foires, 30 % à la ferme et 20 % auprès de restaurateurs et de revendeurs triés sur le volet », précise Siska. Pour grouper les ventes, elles pourraient fournir plus de revendeurs mais leur priorité va aux particuliers : « Certains nous achètent de la tomme depuis trente ans. C’est avec eux que la valeur ajoutée est la meilleure. »
Côté production, les deux sœurs cherchent à réduire les achats d’aliments en améliorant les ressources fourragères. Cet hiver, elles ont fait réaliser des écobuages pour regagner des parcours. « Afin de mieux gérer le pâturage, nous avons aussi commencé à reprendre toutes les clôtures. C’est un gros travail mais, lorsqu’il sera achevé, ce sera fait pour vingt ans », souligne Orphée.
Passionnées par ce métier, elles ne craignent pas la charge de travail, même si elles apprécient de pouvoir prendre deux semaines de vacances par an. « Nous sommes contentes de nous lever le matin et d’être là, sur une ferme qui tourne, avec des moyens pour investir et continuer à nous projeter dans l’avenir », affirment-elles.
Frédérique Ehrhard
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